Au Sénégal, de jeunes enfants voient leur éducation confiée à des maîtres religieux coraniques. On parle d’enfants talibés. Séparés de leur famille pour des raisons économiques, géographiques et/ou culturelles, les jeunes doivent parfois subvenir à leurs besoins en mendiant, sans espoir d’un avenir professionnel concret.
En 2021, en partenariat avec le Secours Islamique France et grâce au soutien de l’Agence Française de Développement, Vision du Monde lance un projet en faveur de la réinsertion sociale, citoyenne et économique des jeunes filles et garçons talibés âgés de 15 à 30 ans et marginalisés dans les zones périurbaines du Sénégal.
Qu’est-ce qu’un enfant talibé au Sénégal ?
Présents dans de nombreuses villes sénégalaises, les enfants talibés sont des élèves de l’école traditionnelle coranique, le daara. Les enfants, majoritairement des garçons et filles âgés de 5 à 15 ans, sont confiés à un marabout, un maître coranique, afin que celui-ci s’occupe de leur éducation religieuse. Selon la Fédération Nationale des Associations de maîtres coraniques, plus de 22 000 daaras existent au Sénégal.
Il existe des écoles coraniques formelles, reconnues par l’État, et des écoles coraniques non formelles. Alors que les premières suivent le programme scolaire national et sont régulièrement inspectées, les secondes ne proposent pas d’autres enseignements aux enfants que l’apprentissage du coran et sont difficilement recensées. En outre, ces écoles non reconnues par l’État ne bénéficient d’aucun appui financier ou technique pour la formation des enseignants, et les élèves ne peuvent prétendre à aucune certification officielle, ni formation professionnelle.
Le choix de placer son enfant au sein d’une école coranique est avant tout un choix culturel et religieux, mais peut aussi être, dans certains cas, un choix économique. Certaines familles confient leurs enfants aux maîtres coraniques des daraas non formels dans l’espoir d’une meilleure prise en charge et d’un meilleur avenir pour eux. Cependant, en l’absence de soutien économique de la part de leurs familles, les enfants sont parfois contraints de mendier et vivre dans des conditions insalubres.
En plus de vivre dans des conditions extrêmement précaires, les jeunes ne connaissent pas leurs droits et ne peuvent donc pas les défendre. Une grande majorité d’entre eux n’ont en effet pas été inscrits à l’état civil à la naissance et n’existent donc pas aux yeux de la loi. Victimes de violences physiques et psychiques, ces jeunes n’ont aucun recours pour se sortir de cette situation.
En plus de vivre dans des conditions extrêmement précaires, les jeunes ne connaissent pas leurs droits et ne peuvent donc pas les défendre. Une grande majorité d’entre eux n’ont en effet pas été inscrits à l’état civil à la naissance et n’existent donc pas aux yeux de la loi. Victimes de violences physiques et psychiques, ces jeunes n’ont aucun recours pour se sortir de cette situation.