
Réfugiés Rohingyas : entre crise humanitaire et crise sanitaire
Alors que la Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête en 2019 sur les barbaries dont a été victime la minorité musulmane Rohingya depuis l’été 2017, les conditions des réfugiés continuent de se détériorer dans les camps de fortune installés au Bangladesh.
Le manque d’hygiène, la surpopulation et les aléas climatiques compliquent les conditions de vie de l’ensemble des habitants du camp de Cox’s Bazar, dont plus de la moitié sont des femmes et des enfants.
Sans nationalité, les parents ne peuvent trouver un travail pour subvenir aux besoins de toute la famille, et les enfants ne vont plus à l’école. Au total, 540 000 enfants de 3 à 14 ans n’ont pas accès à l’éducation.
Aller à l’école est pourtant un moyen pour les enfants de s’épanouir et d’espérer une vie meilleure, loin des traumatismes et de l’anxiété engendrés par les conflits.
Alors qu’aucun pays ne souhaite reconnaître légalement les Rohingyas, la population de réfugiés ne peut défendre ses droits, exacerbant la vulnérabilité des enfants face aux risques de trafics d’êtres humains, travail des enfants, mariages précoces, violences sexuelles et toutes formes d’abus et de violences.
Bien que les camps de réfugiés bénéficient de plus en plus d’infrastructures sanitaires et de points d’eau potable, l’hygiène reste un enjeu majeur dans un lieu bondé où le nombre de latrines reste encore insuffisant et que la gestion des eaux usées est une problématique quotidienne. Les femmes et les enfants non accompagnées s’exposent davantage aux violences lorsque le manque de toilettes les oblige à s’éloigner.
L’accès aux soins est également très limité pour l’ensemble des familles qui ne peuvent pas toujours se faire vacciner contre des maladies comme la rougeole ou le choléra. De plus, chaque année, les moussons provoquent des glissements de terrain, détruisant régulièrement les infrastructures mises en place par les ONG.
Ces derniers mois, la crise de la COVID-19 est venue exacerber les conditions sanitaires des camps de réfugiés. À Kutupalong, dans les camps de Cox’s Bazar, le risque de propagation du virus est extrêmement important : la densité de population étant trois fois plus élevée qu’à Paris.
Avec 70 000 habitants au km², il est compliqué de faire respecter les gestes barrières et les mesures d’hygiène alors que les infrastructures sanitaires sont communes et les lieux souvent insalubres. Les personnes fragiles ne peuvent s’isoler et s’exposent aux dangers du virus au quotidien.