A l’occasion de la journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines, Vision du Monde, association de solidarité internationale qui vient en aide aux enfants les plus vulnérables, alerte sur la violation des droits fondamentaux des filles et des femmes que constitue l’excision.
Ici, dans nos pays, cette pratique semble inconcevable, et pourtant, là-bas, elle est une réalité. Chaque année, partout dans le monde, des millions de jeunes filles sont encore victimes de cette pratique ancestrale.
Interview de Camille Romain des Boscs sur TV5 Monde.

Article Le Figaro : Recrudescence des excisions avec la crise du coronavirus
Qu’est-ce que les mutilations génitales féminines ?
On considère toute intervention qui altère ou lèse intentionnellement les organes génitaux externes de la femme, pour des raisons non médicales, comme une mutilation. Cela concerne la plupart du temps des jeunes filles entre l’enfance et l’âge de 15 ans. L’excision est la forme la plus répandue.
Les mutilations génitales féminines ne présentent aucun avantage pour la santé, au contraire elles endommagent les tissus des organes génitaux et entravent le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. De plus, elles sont très peu pratiquées par des professionnels de santé. Le plus souvent, les exciseuses traditionnelles utilisent des lames de rasoirs et des ciseaux sans anesthésiques. Cette pratique provoque un risque d’infection élevé et de nombreux risques obstétricaux.

Binta, victime d'excision à l'âge de 10 ans
« Quand j’avais 10 ans, on m’a emmenée dans un lieu “secret” avec des filles de mon âge. Je me souviens avoir crié de toutes mes forces et puis plus rien. Quand j’ai ouvert les yeux, j’étais allongée dans mon sang après trois heures d’hémorragie. Ma mère était contente lorsque j’ai repris mes esprits ; elle et les femmes âgées autour de moi pensaient que ma vie était sauve et que tout redeviendrait à la normale.
Au contraire, plus rien n’était comme avant. Je n’ai pas pu marcher pendant 4 jours à cause de la douleur et des saignements. J’ai dû prendre un traitement pour aider la cicatrisation. Depuis, je porte cette blessure secrètement. J’endure la douleur, les démangeaisons, les brûlures, et les autres gênes en silence. Depuis ce jour, ma vie a radicalement changé. Je vis dans un cauchemar depuis 17 ans dont je ne suis pas sûre de sortir un jour. Entre la douleur morale et physique, je dois avouer que je ne sais plus laquelle me fait le plus souffrir. J’espère qu’une chose : qu’un jour cette pratique traditionnelle cesse et que plus aucune fille ne traverse ce que j’ai vécu. »
