Le mariage précoce est une violation des droits de l’enfant, et plus particulièrement des filles. Lorsque les filles sont mariées avant leurs 18 ans, leur santé physique et psychologique est mise en danger, elles sont privées de leur enfance, d’éducation et de tout espoir de sortir de la pauvreté.
Lutter contre cette pratique néfaste et garantir l’accès à l’éducation à toutes les jeunes filles est donc essentiel pour que chacune d’entre elles puisse s’épanouir. C'est aussi faire respecter les droits des filles. Face à la pandémie, il est plus urgent que jamais de continuer à lutter contre le mariage des enfants et mobiliser les communautés pour sensibiliser aux risques encourus par les filles mariées trop jeunes.
Une hausse inédite des mariages d’enfants au plus fort de la pandémie COVID-19
Chaque année, 12 millions de filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. À l’échelle mondiale, 21 % des jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans ont été mariées alors qu’elles étaient encore mineures. Des chiffres récoltés avant la pandémie de coronavirus et qui risquent d’augmenter dans les mois à venir.
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les violences envers les enfants et notamment le taux de mariages précoces. Bien que les données complètes sur l'augmentation du nombre de mariages d’enfants à cause de la pandémie de COVID-19 ne sont pas encore connues, les premières études menées par Vision du Monde via le Partenariat World Vision montrent que les mariages d’enfants ont plus que doublé entre mars et décembre 2020, par rapport à l’année précédente.

L’ONG estime que 4 millions de filles supplémentaires seront mariées au cours des deux prochaines années en raison des effets de la pandémie. De son côté, l’UNICEF estime que les effets dureront encore plus longtemps, avec 10 millions de mariages d’enfants supplémentaires d’ici à 2030 en raison de l’extrême pauvreté grandissante. Ces chiffres s’ajoutent aux 100 millions de mariages d’enfants attendus entre 2020 et 2030.
Lorsque les enfants ne peuvent plus aller à l’école, que les familles ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins et qu’elles n’ont plus accès aux services essentiels, le risque de mariage d'enfants augmente considérablement. Certaines filles sont mariées par leurs parents pour diminuer la pression financière qui pèse sur la famille, d’autres pour légitimer une grossesse précoce ou encore parce qu’elles ne peuvent plus travailler ou aller à l’école.
Selon le Fonds Malala, 20 millions de filles en âge d'aller à l'école secondaire pourraient être exclues du système scolaire à cause de la pandémie. La fracture numérique empêche les enfants des familles les plus pauvres d’accéder à l’éducation en ligne et expose les jeunes filles à de plus grands risques de mariages précoces. Si rien n’est fait, tous les progrès réalisés ces dernières années pourraient disparaître.
Sensibiliser aux conséquences du mariage précoce au Bangladesh
Malgré la loi bangladaise interdisant le mariage des filles de moins de 18 ans, le Bangladesh possède toujours le quatrième taux le plus élevé de mariages d'enfants au monde : une situation due au manque d'application de la loi et mais aussi au fort ancrage culturel du mariage des enfants. Au Bangladesh, près de 60% des filles sont mariées avant l'âge de 18 ans.
Le projet Nobo Jatra (« Nouveau départ »), mis en place par notre association pour la protection des enfants, via le partenariat international World Vision, adopte une approche globale pour freiner les mariages précoces et améliorer l'accès des filles à une éducation de qualité. Le projet passe notamment par la sensibilisation des populations aux dangers des mariages précoces, le développement d’opportunités économiques pour les parents, la formation des jeunes filles au respect et à la défense de leurs droits, ainsi qu’à la promotion de l’égalité des sexes.
Ces formations se déroulent actuellement dans près de 150 écoles et touchent plus de 16 000 adolescents, l’objectif étant de les pérenniser et qu’elles soit intégrées au programme scolaire du pays. Mais le projet ne touche pas seulement les filles.
Lors des formations, les garçons apprennent également à communiquer, à s’affirmer, et à défendre les droits des enfants. Filles et garçons travaillent alors ensemble pour freiner les préjugés sexistes et lutter contre les mariages d'enfants en informant les comités de protection de l'enfance lorsque de tels mariages sont organisés.
